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L’illusion régionale de Georges Roques

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« L’illusion régionale » de Georges Roques

Notes transversales organisées par la méthode sémiotique

  1. Déploration : l’absence de toute sémiographie pénalise très lourdement cet ouvrage. Cela rend la lecture difficile même si on sent la volonté de l’auteur de produire avec des moyens linguistiques les mêmes images mentales que produirait la perception des icônes graphiques dont l’absence est regrettable. Cette carence éditoriale aurait pu être compensée par un site web associé géré et entretenu continûment par l’auteur … ce qui reste d’ailleurs une possibilité …
  2. Un ouvrage nécessaire : cet ouvrage ne pouvait être écrit que par un géographe reconnu qui maîtrise autant les problématiques générales de l’aménagement des territoires que leur inscription sur un territoire sur lequel il est implanté depuis longtemps. Qu’ils le veuillent ou non, qu’ils s’y intéressent ou non, une grande part de la vie de leurs habitants sera désormais déterminée par des décisions qui seront prises au sein de cette nouvelle structure administrative
  3.  La méthode sémiotique : elle à consiste à considérer d’abord le factuel (les existants qui sont décrits et les faits qui les concernent … ils sont extrêmement nombreux) puis les « qualities of feelings » (sentiments et émotions partagés par les populations concernées) et enfin les signes de loi mobilisés pour encapsuler le tout (le corps de concepts techniques, les régularités observées, les déjà-là socio-culturels). L’analyse est de ce fait transversale et « feuilletée » en trois niveaux enchâssés.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  3.1  Catégorisation : tous ces éléments sont tellement nombreux qu’il faut les aborder par catégories dans chaque niveau

              3.1.1 Existants et faits : c’est en gros la géographie physique et l’histoire socio-économique des territoires. Il n’est pas question de les inventorier simplement de constater qu’ils sont plus que présents dans le texte. On comprend bien, pour ce qui est de la nouvelle Occitanie, qu’elle est constituée par l’union de deux espaces qui de ces deux points de vue sont différents. Les penchants physiques de Midi-Pyrénées vers l’Aquitaine océanique et celui du Languedoc-Roussillon vers la Méditerranée ont modelé non seulement les paysages mais aussi l’inscription de pratiques spécifiques en rapport avec ces données premières.  Ici se trouvent les réalités incontournables sur lesquelles ont butera et l’auteur s’efforce à chaque occasion de montrer la possibilité et les conditions à mettre en œuvre pour les contourner en vue de créer une certaine unité (ou le plus souvent un semblant d’unité). Si l’on devait retenir les éléments les plus caractéristiques qui semblent les plus évidents à ses yeux il faudrait au plan économique noter Airbus Industries avec sa force structurante d’un côté et le vignoble LR avec sa prégnance historique de l’autre. Au plan des organisations territoriales les métropoles et leurs espaces satellites jouent un rôle déterminant. Et entre les deux espaces originels, un trait d’union, livré aujourd’hui au seul tourisme fluvial, le Canal du Midi, fruit d’une vision largement périmée.

Une citation pour illustrer cette partie de l’analyse :

«  Des oppositions coûteuses Comment concilier des différences économiques, culturelles, sociales, linguistiques anciennes et encore importantes aujourd’hui pour la population, et donner à l’extérieur, surtout à l’Europe, des signes de territoires ouverts, cohérents, dynamiques, innovants et attractifs. Cette question complexe est presque un oxymore (souligné par moi) tant les dispositifs de modernisation peuvent être contradictoires« 
                 3.1.2 Qualities of feelings : ils ne font pas l’objet d’un traitement systématique et se retrouvent plutôt dans le ton de l’écriture, les expressions et les traits d’humour. Ils sont donc présents à tout moment. Cependant l’auteur donne explicitement au lecteur les deux référentiels absolument nécessaires pour appréhender à tout moment ce que l’on pourrait appeler les « phénoménologies territoriales ». Elles sont tout aussi incontournables que les données physiques puisqu’elles en sont d’une certaine façon le produit.
«  Et de souligner la culture de l’insoumission et de la dissidence du Languedoc, comme la force du républicanisme radical et de gauche dans le Sud-Ouest » Il note aussi fréquemment combien ces traits dominants conditionnent des modes de relation différents avec le pouvoir central. Le filon de l’affrontement jamais dépassé entre girondisme et jacobinisme affleure fréquemment sous sa plume.
                 3.1.3 Concepts et régularités Les concepts les plus généraux (énoncés plus ou moins explicitement) capables d’encapsuler les éléments classés dans les niveaux ci-dessus :

-  Les asymétries : elles sont constitutives, à la fois qualitatives et quantitatives

-  Les métriques territoriales, les métropoles

-  les logiques territoriales

« La réforme actuelle est mal partie pour prendre ces situations et ses évolutions en compte. Elle a en effet été construite sur une métrique dépassée (la maille des départements) et avec une logique aberrante qui laisse ouvert le jeu des oppositions des collectivités à propos des compétences. »

4       Une adjonction suggérée (pour la communication)

Une proposition spécifiquement sémiotique : dans la sémiotique de C.S.Peirce on affirme que « pour transmettre une idée il faut une icône ». Même si elle semble une figure d’exagération, on pourrait peut-être parler de « l’Hydre Occitane ». La réalisation ci-dessous, glanée sur le web, permet d’iconiser la hiérarchie si importante des métropoles … on y distingue facilement la tête « Toulouse » qui surpasse largement celles de « Montpellier », « Nîmes », « Perpignan », « Béziers », « Carcassonne »… ajoutons qu’elles s’entredévorent à tous niveaux …

Hydre

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